La genèse du jeu

La véritable origine du golf moderne provient de Hollande. En 1297 à Loenen aan de Vecht, lors d’une commémoration, un jeu est pratiqué appelé colf où l’on devait taper une balle et l’envoyer vers un but précis. Quelques années plus tard, dès 1360, les autorités de Bruxelles dressent des amendes aux personnes pratiquant ce jeu (étant donné qu’il n’existe pas encore de parcours, les gens y jouent quel que soit l’endroit) avant d’édicter une loi autorisant le jeu en dehors des limites de la Cité.

La première mention du parcours (et du fairway) intervient en 1483 à Haarlem (Pays-Bas) avec la tonte d’herbe dans des prés. Jusqu’au XVIIe siècle, le jeu connaît un succès croissant en Hollande avant de disparaître brutalement en raison du développement des jeux d’intérieur et de société, mais aussi parce que la mode vestimentaire devenue plus sophistiquée rendait difficile la pratique de ce jeu.

histoire golf

Le golf s’exporte en Écosse

C’est finalement en Écosse que le golf que l’on connaît actuellement apparaît. En raison des flux commerciaux qui prospèrent en mer du Nord au cours du Moyen Âge et de la période post moderne, le golf est importé par des marins hollandais en Écosse avec le matériel nécessaire (balles, clubs fabriqués en Hollande).

Cependant, le golf ne s’établit que sur la côte Est de l’Écosse (premier parcours à l’Ouest en 1848), et est longtemps confiné sur ce côté dès le XVIIe siècle où de nombreux documents attestent de son existence (Traité de Glasgow en 1501).

Peu à peu, le golf, essentiellement pratiqué à son origine par les francs-maçons, commence son expansion avec le premier fabricant de clubs à Saint-Andrews en 1627 et divers parcours (Bruntsfield, considéré comme le premier vrai parcours de golf en Écosse, Musselburgh et Perth).

À noter que le premier parcours de Saint-Andrews compte 22 trous avant d’être amputé de sa longueur pour la construction de maisons et ne compter que 18 trous au final.

13 règles pour commencer

En 1744, l’Honourable Company of Edinburgh Golfers rédige une dizaine de règles de jeu mais c’est dix années plus tard que le premier règlement officiel est mis au point par le Royal and Ancient Golf Club of St Andrews qui édicte au total treize règles (qui n’ont pas varié depuis, à part pour la précision et l’incorporation d’autres règles).

Malgré la mise en place de règles, la pratique du golf était bien différente d’aujourd’hui. Tout d’abord, la formule match play était la plus répandue. Les golfeurs jouaient donc leur partie contre un adversaire, trou par trou, avec gain du trou pour celui qui avait tapé le moins de coups possible, le vainqueur d’une partie étant celui qui avait remporté le plus de trous.

Le 2 avril 1744 est organisé le premier tournoi de golf sur le parcours de Leith avec une récompense pour le vainqueur. En raison de la participation de golfeurs venus d’autres clubs de la région, l’Honourable Company of Edinburgh Golfers rédige un ensemble de treize règles juste avant le tournoi pour éviter toute confusion.

Dix ans plus tard, le 14 mai 1754, les dirigeants voisins du club de Saint Andrews reprennent quasiment le même règlement et en raison de sa stabilité (à l’inverse d’Edinburg : déménagements fréquents et guerres internes) le monde du golf fait référence à ses règles comme pierre fondatrice de ce sport, c’est à ce moment qu’est retenu le nombre de trous (dix-huit, en fait il s’agissait de neuf trous que l’on effectuait aller-retour, les premiers greens ne font leur apparition qu’un siècle plus tard). Cependant, la pratique du golf se limite à l’Écosse et semble avoir du mal à prendre son expansion.

Un matériel en perpétuelle évolution

C’est avec le progrès et l’amélioration du matériel, notamment de la balle, que le golf commence son expansion, à partir de 1848. Cette dernière, constituée d’une coque de peau ou de cuir remplie de plumes puis cousue, va laisser sa place à une balle faite à base de caoutchouc (la gutta-percha) qui, contrairement à la première, résistait plus longtemps. Des alvéoles sont ensuite appliquées sur la balle pour un meilleur aérodynamisme.

À partir des années 1870, ces balles permettent la première expansion du golf. Cela est dû à la facilité de fabrication, au prix et la standardisation du matériel, le tout accompagné par l’amélioration de la vie et des transports à travers l’Europe.

histoire materiel golf

Les clubs, à l’époque tous en bois (hêtres, pommiers ou épineux), sont ensuite améliorés. Les premières recherches concernent la mise en place d’un grip puis l’amélioration du point d’impact avec l’introduction d’une plaque plus résistante (soit un bois de meilleure résistance soit du métal). La tête des clubs est aussi redéfinie puis, enfin, l’apparition de manches en métal au début du XXe siècle et des fers complètent cette révolution du matériel (améliorée depuis par le déplacement du point central de l’arrière du club au pourtour de la tête dans les années 1960).

Des améliorations sont également notées autour des tees, des sacs, des gants, des chaussures, de l’uniforme.

Le golf perce enfin !

Le golf connut son expansion également en raison de la présence d’officiers écossais à l’étranger, comme ceux pratiquant du golf en Virginie (États-Unis) dès 1779. Cependant, les premiers golfs construits hors des Îles Britanniques seront à Calcutta en Inde en 1829, puis Bombay en 1842, en Australie en 1851. Enfin le premier golf hors des territoires ou possessions de l’Empire britannique se trouve à Pau en 1856. S’il est le seul parcours de golf en France pendant trente ans, cela s’explique par la présence de l’armée de Wellington dans la ville après la bataille d’Orthez du 27 février 1814. À partir de la Restauration, les Britanniques, séduits par la beauté du site et par la douceur du climat, viennent sans cesse plus nombreux passer l’hiver à Pau.

En Angleterre, le pays se dote de son premier link en 1864 puis construit un nouveau parcours en 1865 appelé inland (c’est-à-dire à l’intérieur des terres) à Wimbledon (Royal Wimbledon Golf Club) puis à Liverpool (Royal Liverpool Golf Club). Peu à peu de nombreux golfs sont construits : 1871 en Nouvelle-Zélande, 1873 au Canada, 1881 en Irlande, 1885 en Afrique du Sud, 1888 aux États-Unis près de New York (après deux tentatives infructueuses auparavant), 1889 à Hong-Kong etc.

Tournois en mondialisation

Le terme de Grand Chelem est utilisé pour la première fois lors de la prestation de Bobby Jones en 1930 qui remporte les quatre tournois les plus prestigieux de l’époque : l’Open Britannique, L’Open Américain, le Championnat International amateur des États-Unis et le Championnat International amateur de Grande-Bretagne.

Le journaliste et biographe ami de Jones, Oscar Bane (travaillant pour l’Atlanta Journal), emprunte cette expression au bridge où elle désigne une partie dans laquelle une équipe réalise toutes les levées. Sur ces quatre tournois se réunissaient alors les meilleurs golfeurs de la planète qui étaient amateurs (les professionnels n’ayant pas le droit de disputer les tournois amateurs, c’est-à-dire les deux derniers, au contraire des amateurs, pouvant s’aligner sur les Opens).

Bobby Jones

Au contraire de nombreux sports, le sport n’est pas organisé par une fédération mais sous le contrôle de deux grandes fédérations : celle de Grande-Bretagne, le Royal et Ancient Golf Association, et celle des États-Unis, l’United States Golf Association (USGA), leurs Opens sont donc considérés comme les plus importants tournois au monde et exerce chacun son influence et son pouvoir sur une partie du monde, au Royal et Ancient les pays du Commonwealth, Canada, Afrique du Sud, Inde, Europe, et au USGA les États-Unis, l’Amérique du Sud, l’Asie.

Par conséquent, à ces deux Opens s’ajoutent les championnats internationaux amateurs. Ainsi, aux débuts des années 1930, les associations de professionnels (dont par exemple la Professional Golfers’ Association of America créée depuis 1916) organisent à leur tour de nombreux tournois réservés aux pros (les P.G.A. Championships) ainsi que le Tournoi Championnat de la PGA réservé aux pros et qui se déroulait en même temps que l’Open britannique.

Finalement à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, la forme actuelle du Grand Chelem est trouvée avec le remplacement des deux tournois amateurs par le Championnat de la PGA (PGA Championship) et l’incorporation du Masters construit à Augusta par Bobby Jones (qui est le seul tournoi sur invitation).

Depuis, ces quatre tournois (dont trois se déroulent aux États-Unis) dominent le monde du golf chez les hommes.

Des grands joueurs et leurs duels

La popularité grandissante du golf trouve aussi son origine dans les grands joueurs et leurs duels. Longtemps dominé par les Écossais et les Anglais, les Américains, à partir de l’exploit et du Grand Chelem réalisés par Bobby Jones en 1930 (qui prend la même année sa retraite sportive), fournissent un grand nombre de champions avec dans un premier temps Ben Hogan, Byron Nelson ou Sam Snead puis sont suivis d’Arnold Palmer et Jack Nicklaus dont le duel est arbitré par un Sud-Africain Gary Player (mettant en évidence l’émergence des pays du Commonwealth) entre les années 1950 et les années 1970.

Le golf connaît également à cette période l’arrivée de la télévision et la retransmission des tournois qui lui permet d’accroître sa médiatisation dans les années 1950.

À partir des années 1970, de nouvelles nations émergent en Europe de l’Ouest, en Scandinavie ou au Japon où les premiers rôles sont tenus par Nick Faldo, Severiano Ballesteros et Bernhard Langer dans les années 1980.

Les années 1990 et 2000 voient l’apogée de nouveaux champions issus d’une seconde vague de pays émergents tels Nick Price (Zimbabwe), Vijay Singh (les Îles Fidji) ou la Corée du Sud (notamment chez les femmes).

Dans les années 2000, le golf se découvre un champion précoce en la personne de l’Américain Tiger Woods qui domine le monde du golf masculin avec comme plus sérieux rival Phil Mickelson.

Oh les filles, oh les filles !

Le golf féminin est resté dans l’ombre des hommes pendant de nombreuses années, après avoir connu un premier essor après la Seconde Guerre mondiale puis un second dans les années 1970 mais qui ne se limitait qu’aux États-Unis voire au Japon (décennies symbolisées par Mildred Babe Zaharias, Patty Berg, Louise Suggs, Mickey Wright ou Kathy Whitworth), ce n’est véritablement qu’à partir des années 1990 et 2000 avec l’éclosion de championnes non-américaines que le plateau fut relevé et plus attrayant avec les dominations successives d’Annika Sörenstam, de Karrie Webb et de Lorena Ochoa, par conséquence l’avenir du golf féminin semble assuré avec l’intérêt porté par de nombreux nouveaux sponsors.

Le golf au 21ème siècle

En 2005, le nombre de parcours de golf dans le monde est de 32 000 dont la moitié se situe aux États-Unis. Le classement des pays selon le ratio parcours/population est le suivant : Écosse, Nouvelle-Zélande, Australie, Irlande, Irlande du Nord, Canada, Pays de Galles, États-Unis, Suède et Angleterre (classement ne comprenant que les pays de plus de 500 000 habitants). À l’exception de la Suède, tous ces pays sont anglophones, mais à l’avenir ce classement risque d’être modifié en raison de la croissance rapide du golf, notamment sur le continent asiatique (par exemple, alors que le premier parcours en Chine est inauguré dans les années 1980, en 2005 plus de 200 parcours y sont recensés).

Avec le nombre de parcours, c’est le nombre de pratiquants qui augmente par la même occasion, s’établissant à plus de 61 millions de pratiquants dans le monde en 2003 (répartition du nombre de pratiquants par zone géographique : 6,9 millions en Europe, 13,6 millions en Asie, 1,7 million en Australasie, 1 million en Amérique du Sud, 500 000 en Afrique du Sud et enfin 37,1 millions aux États-Unis).

En 2009, Le CIO réintègre le golf parmi la liste des sports présent aux Jeux olympiques d’été, il en avait été retiré après les jeux de 1904.